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Bienvenu sur le site officiel de notre communauté culturelle GRAND BATTEMENT D’AILES.
Association loi 1901, nous nous sommes réunis afin de partager la passion pour l’art et tissons des liens entre le ballet et les beaux-arts, entre la création et la production.
Notre activité principale est dédiée à l’Art Déco, un art dominant des Années Folles, et consiste à réaliser des projets culturels afin de favoriser et diffuser des connaissances des arts. C’est l’ensemble des actions permettant au public d’accéder à la culture, et en particulier aux cultures de ballet, de peinture et d’arts appliqués style Art Déco, c’est-à-dire aux savoirs, savoir-faire et savoir-être de ces disciplines.
La réalisation de ballets de style Art Déco est notre but principal. Pour commencer à financer le projet, nous avons lancé une campagne de crowdfunding sur une plateforme Paypal. N’hésitez pas à nous soutenir ! Ou vous pouvez aussi juste devenir membre de notre communauté.
Parmi nos événements phares, le ballet «Tendre est la nuit», mis en scène par Julie Durieux également directrice artistique. Chez Grand Battement d’Ailes, nous mettons tout en œuvre pour faire rayonner l’élégance et la créativité de l’Art Déco à travers nos productions artistiques. Nous sommes fiers de notre engagement et de notre contribution à la préservation et à la diffusion de ce patrimoine artistique unique.
ENTRE DEUX OCEANS est un spectacle de danse narratif, au début imaginé comme un ballet néoclassique mais avec le temps transformé vers un format plus moderne et contemporain se déroulant durant les Années folles. Les œuvres littéraires des écrivains américains de l’ère du jazz et la vie de Francis Scott et Zelda Fitzgerald ont été la principale source d’inspiration pour créer l’intrigue. L’histoire nous transporte tout d’abord en Amérique, puis sur la Côte d’Azur et à Paris, où un jeune couple américain s’installe afin de profiter pleinement des plaisirs de la vie, sans réfléchir au véritable sens de l’existence humaine.
« L’œuvre d’art ne semble pas faite pour autre chose qu’elle-même. Elle est inutile – au sens pratique du terme: au sens moral, elle importe, elle répond à un besoin spirituel, ce qui lui donne un but: nous détourner d’une préoccupation banale, quotidienne, pour élever notre âme en provoquant un choc esthétique. Une musique sublime sert à quelque chose: elle apporte une émotion dont l’esprit se repaît. L’œuvre d’art est donc en ce sens un objet spirituel.
Ce qui semble faire d’un objet une œuvre d’art, c’est dès l’abord le travail par lequel un objet ne peut plus être considéré comme un objet de désir, parce qu’il ne se consomme ni ne se possède comme un objet quelconque: il ne peut susciter que des considérations désintéressées. Ce n’est pas lui qu’on regarde, c’est sa forme, sa couleur, ce qui, en lui, nous trouble. L’objet en lui-même n’est rien qu’un objet: le regard est indispensable, c’est lui qui reconnaît l’art. Le spectateur y retrouve quelque chose de spirituel quand il est pourtant face à un objet matériel: comme devant une glace, qui n’est que métal et verre, il se reconnaît lui-même comme spirituel, et via ce subterfuge, cet objet devient sacré “œuvre” (même s’il n’est l’œuvre de personne, comme le simple galet ramassé sur une plage) pour avoir forcé le respect de soi-même.
Tout est donc dans l’attention sur l’objet, attention bien différente de celle qui promène un regard froid sur les choses. L’œil fait l’œuvre, non l’inverse quoique ce soit par l’originalité de son aspect que l’objet ait dès l’abord attiré l’œil. Car l’objet seul n’a aucun sens, c’est celui qui le contemple qui le lui en décerne. La forme est le support du sens. »
Francis Housset
Le ballet est un genre dramatique dont l’action est figurée par des pantomimes et des danses. Danser c’est savoir tout exprimer avec des gestes et des mouvements de corps. C’est une forme stylisée de danse théâtrale occidentale basée sur un système codifié de mouvements, un ensemble défini de mouvements dénués de signification propre. Il peut raconter une histoire, évoquer une ambiance, illustrer une œuvre musicale ou une pièce de théâtre ou encore constituer en lui-même un spectacle de danse théâtrale divertissante ou insolite. Le plus souvent, il se danse sur une musique, mais ce n’est pas une règle absolue. Associé à des décors et à des costumes, le ballet offre aux spectateurs un somptueux festin visuel.
Ses origines remontent à la Renaissance italienne (XVe siècle). Primitivement développé à la cour d’Italie, le ballet a reçu ses lettres de noblesse en France, puis en Russie, en tant que danse-spectacle. Au XVIIe siècle, le développement important qu’a connu le ballet à la cour de Louis XIV explique l’origine française de la plupart des termes du vocabulaire de la danse.
Selon les époques, les pays et les courants, le spectacle chorégraphique intègre de la musique, du chant, du texte, des décors, voire des machineries. Comme l’opéra, il peut être organisé de deux manières: soit en une succession de «numéros», soit «en continu». La structure du ballet «à entrées» est la plus ancienne: des danses s’enchaînent les unes après les autres comme autant d’épisodes distincts.
« La danse est le premier né des arts. La musique et la poésie s’écoulent dans le temps; les arts plastiques et l’architecture modèlent l’espace. Mais la danse est à la fois dans l’espace et le temps. »
Curt Sachs
« Ephémère, immortelle, versatile, la danse est le seul art qui, ne laissant aucun déchet sur la terre, hante certaines mémoires de souvenirs merveilleux. »
Jean Babilée
« Je ne pense pas que la danse puisse être russe, américaine, française, classique, moderne, contemporaine; elle est universelle, comme tout art qui se veut grand. »
Gigi-Gheorghe Caciuleau
« Le drame est né de l’union de deux vieux désirs : le désir de danser, et celui d’entendre une histoire. La danse est devenue déclamation, et l’histoire, situation. »
George Bernard Shaw
L’Art Déco est un nouveau mouvement artistique qui a pris son plein épanouissement au cours des années 1920, avant de décliner vers la fin des années 1930. C’est le premier mouvement architecture-décoration de nature mondiale. Le style Art Déco tire son nom de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925 et marque le triomphe d’un nouveau mouvement artistique.
«Art Déco» est l’abréviation de «Arts décoratifs», et concerne l’architecture, plus spécialement l’architecture intérieure avec ses tapisseries, vitraux, peintures et sculptures ornementales, son ébénisterie, l’emploi de la céramique, de l’orfèvrerie. Le design qui débute sur les grandes séries d’équipement de l’habitat et des bureaux peut y être associé, ainsi que la mode vestimentaire et la typographie des signalisations et des réclames affichées et les enseignes.
C’est une nouvelle esthétique accompagnée d’une pensée, d’une philosophie, le rejet des formes d’Art Nouveau qui sont asymétriques, polychromes, pittoresques, et qui excitent davantage les sentiments que la raison. Unité, rationalité, ordre, couleur et géométrie: l’essentiel du vocabulaire Art Déco est posé.
Goût de la ligne droite, interprétation géométrique des formes de la nature, simplicité, fidélité à la tradition française, l’Art Déco prend le relais de l’Art Nouveau.Influencé par le cubisme, le fauvisme, les Ballets Russes, l’Art Nègre, l’Art Déco s’illustre par une audacieuse palette de couleurs et un mélange des matières les plus diverses, béton, bois, céramique, faïence, fer, porcelaine, tissu, verre.
C’est le premier style à avoir eu une diffusion mondiale, touchant d’abord la France, puis principalement la Belgique, le Portugal, l’Espagne, l’Afrique du nord, et tous les pays anglo-saxons (Royaume-Uni, États-Unis et ses actives associations «Art Deco», Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Inde, Philippines, etc.), ainsi que les villes principales du Viêt Nam pour le mouvement initial, plusieurs villes chinoises telles Shanghai et encore Hong Kong, ou par exemple pour le Japon, le palais à Tokyo du Prince Asaka.
L’Art Déco a accompagné le bouleversement de la mode des années folles. Avant 1914, le tissu n’est qu’un support sur lequel on trouve des broderies et des perles. A partir de 1918, le tissu imprimé va s’imposer progressivement. On exploite les valeurs naturelles du tissu, les robes sont perlées avec des motifs brodés.
Le succès de la mode des années 1920-1930, c’est le dépouillement du vêtement. Distinguer un vêtement Art Déco c’est distinguer sa découpe en biais, sa forme dépouillée ou son tissu. La couturière Madeleine Vionnet va révolutionner la mode en créant une nouvelle technique de découpe du tissu: la coupe en biais qui permettra de créer de l’élasticité dans le vêtement: « C’est en sculpteur qu’elle travaille l’étoffe, la plisse, la plie, la tord, supprimant l’inutile, simplifiant à l’extrême » (Pamela Golbin).
Les Ballets Russes imprègnent la mode d’une esthétique faite de couleurs et de volupté, que traduit avec génie le couturier Paul Poiret. Paris demeure la capitale et le législateur de la mode et d’autres créateurs tel Lucien Lelong, Jacques Doucet, Molyneux et Worth contribuent aussi à maintenir sa réputation.
Dans les années 1920 et surtout 1930 le sport fait son apparition omniprésente. C’est l’avènement du corps au détriment du vêtement qui devient pour ainsi dire secondaire. Cela se voit dans toute l’évolution du vêtement entre 1920 et 1930, le vêtement se dépouille et devient de plus en plus simple. A partir de 1925 le vêtement va se raccourcir jusqu’aux genoux. La popularité de sports comme le tennis ou la natation donne naissance à une nouvelle mode simplifiée, terrain d’expérimentation idéal pour la coupe et la couture. En accordant la priorité à la liberté de mouvement, les couturiers Jean Patou, Madeleine Vionnet et Gabrielle Chanel créent le premier style de vêtements véritablement adaptés à la femme moderne.
On considère 1925 comme la date où le vêtement est le plus court dans l’histoire de la mode. Effectivement, à cette époque, les cabarets foisonnent, les gens veulent se distraire et dansent le tango argentin ou le charleston. Il était impossible de danser le charleston avec une robe longue, on a donc créé des robes plus courtes pour danser.
Néanmoins, on trouve dans les années 1920- 1930, des robes de soirée ornées de perles réfléchissant la lumière électrique qui progressivement fait son apparition.
On dirait qu’une élégante mettait les strass pour attirer les nombreux regards des admirateurs qui l’estimait comme la plus moderne.
Autrement dit, il y avait une mode complexe, d’une grande diversité, qui dépasse de beaucoup l’image stéréotypée de la robe chemise et du chapeau cloche, celle qui est bien familière pour la plupart de nous, quand on parle de la mode 1920-1930.
Paul Poiret né en 1879 à Paris, grand couturier français, connu pour ses audaces. Un précurseur du style Art Déco. Sa marque commerciale est un turban très enveloppant orné d’une aigrette que sa femme, Denise, rend célèbre. Embauché comme dessinateur de mode chez Doucet en 1898, il travaille chez Worth de 1901 a 1903. Il ouvre sa maison de couture en septembre 1903.
En 1911, il lance Les Parfums de Rosine et devient le premier à imaginer le «parfum de couturier» qu’il conçoit en harmonie avec ses créations. Jusqu’en 1929, ce sont 35 parfums qui sortiront des usines, dont certains adoptent des noms singuliers comme Shakhyamuni ou Hahna l’Étrange Fleur. Cette même année 1911, il se diversifie dans les broderies et les imprimés) avec les Ateliers de Martine.
Entre 1911 et 1917, il loue et restaure le Pavillon du Butard a La Celle-Saint-Cloud et l’utilise comme résidence estivale et écrin de grandes fêtes, dont celle restée célèbre en date du 20 juin 1912 – Festes de Bacchus à l’occasion de laquelle il crée un costume de bacchante: robe en mousseline de soie imprimée et un châle Knossos de Mariano Fortuny y Madrazo, portés par Denise Poiret. Isadora Duncan dansa sur les tables au milieu de 300 invités et 900 bouteilles de champagne furent consommées jusqu’aux premières lueurs du jour. Antérieurement, il avait fait construire à l’Île-Tudy la villa Kermaria où il organisa aussi des fêtes somptueuses; les peintres Bernard Naudin et Raoul Dufy par exemple y séjournèrent, ainsi que le poète Max Jacob. «Poiret le magnifique» achète un hôtel particulier avenue d’Antin où il organise des fêtes somptueuses dont la fameuse Mille et deuxième nuit, qui marquera les nuits parisiennes. Poiret connaît le triomphe: il habille les comédiennes les plus en vue et le tout-Paris, aidé par sa femme Denise qui se fait ambassadrice de la marque. Il s’inspire de ses nombreux voyages pour créer des vêtements marqués par l’Orient, la Russie, l’Afrique du Nord. En collaboration avec le peintre Raoul Dufy, il lance des imprimés audacieux. Plus tard, il crée la jupe-culotte et la jupe entravée, qui font scandale.
Après la Première Guerre mondiale, son étoile commence à pâlir. La clientèle le délaisse pour un style plus épuré. La Maison Paul Poiret connaît ses premières difficultés financières en 1923, mais poursuit ses activités grâce au soutien financier de Georges Aubert. Sa participation a l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925 est très remarquée : il présente ses collections sur trois péniches baptisées Délices, Amours et Orgues. En 1921-1923, il fait construire à Mézy-sur-Seine (Yvelines) la villa Paul Poiret, dessinée par Robert Mallet-Stevens, dont la construction est interrompue par les difficultés financières du couturier en 1923 et terminée en 1932 par Elvire Popesco qui la rachète en 1930. En 1927, il joue avec Colette dans sa pièce La Vagabonde. En 1928, Paul Poiret publie Pan, Annuaire du luxe à Paris, aux Éditions Devambez, très bel annuaire qui réunit presque tous les grands noms du commerce de luxe de l’époque. Publié et conçu par lui, il est illustré de 116 planches en noir et en couleurs par les plus grands artistes contemporains dont Bellaigue, L. Boucher, Cocteau, Mlle Colin, Crozet, La Jarrige, Deluermoz, Dufy, Dupas, Yan B. Dyl, Fau, Foujita, Gus Bofa, Édy Legrand, Libiszewski, Charles Martin, Mourgue, Sem, Touchagues, Valerio, Van Moppès, etc. Cet album offre un panorama important sur la publicité des années vingt : tailleurs, chapeliers, cannes, bottiers, couturiers, lingerie, fourrures, bijoux, la table, orfèvrerie, primeurs, vins, fleurs, galeries d’exposition, photographes, pharmaciens, restaurants, hôtels, cabarets, voyages, sports, bagages, plages, chevaux, chasse, pêche, etc.
A l’automne 1929, la maison Paul Poiret ferme, du fait de la crise économique. Les Parfums de Rosine sont rachetés par Oriza L. Legrand. En 1930, il publie En habillant l’époque (chez Bernard Grasset) et invente la gaine, souple et confortable. Il publie trois livres de mémoires et meurt en partie ruiné et oublié en 1944. Une vente aux enchères en mai 2005, des effets personnels de Denise Poiret, entraine des montants records dont plus de 110 000 euros pour un manteau d’automobile créé par Poiret en 1914.
Née en 1876 à Chilleurs-aux-Bois, Madeleine Vionnet s’installe en 1881 avec son père à Aubervilliers. En 1889, elle est mise à l’atelier qui lui fait apprendre toutes les techniques de la couture. Elle monte à Paris en 1890, où elle entre comme apprentie chez le couturier Vincent, rue de la Paix. Alors que le xixe siècle n’est pas terminé, elle se conduit en féministe avant la lettre en prenant la décision de quitter à la fois son travail, son mari et son pays. Sous prétexte d’apprendre l’anglais, elle traverse la Manche et se fait engager comme couturière dans un asile d’aliénés puis chez une dame, Kate Peilly, qui habille les Britanniques de la bonne société en copiant des modèles venus de Paris. La, Vionnet assimile non seulement la technique des grands tailleurs britanniques, notamment ceux de Savile Row, mais découvre aussi la façon dont les œuvres peuvent être copiées plus ou moins bien sans que personne ne s’en émeuve. En 1900, fascinée par Isadora Duncan et ses formes libres, elle explore l’art du drapé qu’elle maîtrisera si bien que, l’année suivante, elle est engagée comme première dans une des plus célèbres maisons du Paris de l’époque, celle des sœurs Callot. « Grâce aux sœurs Callot, dira-t-elle, j’ai pu faire des Rolls-Royce. Sans elles j’aurai fait des Ford ». Puis c’est au tour de Jacques Doucet de faire appel à elle. C’est chez lui qu’elle supprimera définitivement l’usage du corset dans toutes ses créations, ce qui fut une révolution dans la mode.
C’est pourtant à Paul Poiret qu’on attribue cette innovation. En 1912, devant l’immense succès que ses créations remportent chez Doucet, elle ouvre, au numéro 222 rue de Rivoli a Paris, sa propre maison où le tout Paris commence à se presser. Elle y invente notamment le manteau de ville. Deux ans plus tard, la Première Guerre mondiale la contraint à fermer sa maison, mais elle continue à travailler. Les modèles des années 1917 a 1919 sont parmi les plus audacieux qu’elles aient construits. De 1920 à 1930, elle donnera libre cours à sa passion des fleurs à travers des jupes corolles et surtout des amas de roses en bandeaux, en colliers, en guirlandes, toujours somptueusement parsemées sur des capes ou des cols. A la même époque, l’invention du biais et la façon dont Madeleine Vionnet en défendra la maternité devant les contrefacteurs restent inscrites à tout jamais dans la mémoire de la mode. Elles furent l’occasion d’un historique procès qu’elle gagna. A dater de ce jour, elle mettra au point un système de copyright qui fait encore référence. « Non seulement, dit-elle, j’appose sur chaque modèle sorti de chez moi ma griffe et un numéro de série mais aussi mon empreinte digitale. Je donne aussi le nom des personnes que j’autorise officiellement à copier mes œuvres à plusieurs exemplaires ». C’est ainsi qu’elle constituera une inestimable collection d’archives où chacun de ses modèles est photographié de face, de dos et de profil. Dans les années 1920, toute la presse spécialisée la porte aux nues.
On voit ses modèles sur la duchesse Sforza, sur madame de Vilmorin, sur Liane de Pougy. Dans le même temps, elle s’installe avenue Montaigne à Paris et collabore à la décoration des Galeries Lafayette dont elle veut faire un temple de la mode. Plus que des robes, ses créations deviennent de véritables architectures à draper selon un rituel de gestes précis. Elle avait l’habitude de travailler sur un petit mannequin de bois peint sur lequel elle créait toutes ses toiles en modèles réduits. Elle gardera cette célèbre petite figurine dans sa chambre jusqu’à la fin de ses jours et s’en servira pour expliquer aux visiteurs curieux, les différentes étapes de son travail. Bien que n’ayant pas le goût du luxe, elle aimera s’entourer des plus beaux objets de son temps. Sa maison de vacances, la Maison blanche, deviendra un véritable temple du bon goût et de la modernité avec des meubles de Pierre Chareau, de Jean-Michel Frank, de Francis Jourdain, de René Herbst et de Jean Dunand. Elle prend sa retraite alors qu’elle est au sommet de sa gloire, le jour où commence la Seconde Guerre mondiale. Le 17 août 1939, elle écrit : « On attend actuellement le 24 ou le 27 août – Nuremberg – comme si des lèvres du Führer devait sortir la paix ou la guerre. Il en sortira d’autres mensonges ou folies, car, à mon avis, aucun cerveau humain n’est en ce moment assez puissant ni assez clair pour être à la hauteur du chaos actuel… »[réf. nécessaire]. En décembre 1940, la maison Vionnet est mise en liquidation à l’hôtel Drouot et le personnel licencié. Il restait à Madeleine Vionnet plus de trente années à vivre. Elle qui avait travaillé toute sa vie partagera désormais son temps entre la culture de son jardin, l’observation de la nature et l’écriture d’une correspondance qu’elle adresse à son ancienne première[Qui ?] et à Liane de Pougy. Son seul lien avec la couture consistera à donner des cours à l’école de la rue Saint-Roch où se transmettent toujours les bases de sa technique de coupe et la riche tradition haute couture dont elle héritait, à des élèves d’origines internationales. Elle va confier l’ensemble des modèles qu’elle a conservés, ses albums de copyrights et huit cents toiles de patrons, à son ami François Boucher qui, dès 1952, veut créer à Paris le musée de la mode et du textile. Au soir de sa vie elle écrira : « L’important c’est d’arriver à vivre et à travailler tel qu’on est, en pleine vérité, en somme à s’imposer, mais il faut qu’il y ait en soi de quoi le faire. Que de gens s’ignorent toute leur vie et courent après eux-mêmes… Il faut toujours se dépasser pour s’atteindre. Toujours lutter au fond, c’est passionnant… c’est la force de résistance qui soutient le mieux. Elle seule dépend de vous. ».
C’est pour cette force de résistance et pour tout le reste que Madeleine Vionnet reste encore et toujours un exemple. Elle est enterrée, auprès d’officiers russes (père et oncle de son second époux Dimitri Netchvolodoff, un ancien officier de marine russe, qu’elle épouse en 1923), dans le cimetière de la commune de La Chassagne (Jura), village natal de son père. Des anciens de ses ateliers de plus de huit cents ouvriers naîtront les maisons de couture de Jacques Griffe, Marcelle Chaumont, Charles Montaigne, et Mad Carpentier. La Bibliothèque historique de la ville de Paris possède un fonds Madeleine Vionnet composé de carnets de ses collections de l’ouverture de sa maison jusqu’à sa fermeture. Ce fonds est arrivé à la bibliothèque par don, par le biais du fonds Thérèse Bonney. Soucieuse du bien-être de ses employées, Madeleine Vionnet organise ses ateliers de couture en mettant des chaises pour les ouvrières à la place des tabourets, crée un réfectoire, une crèche et emploie un médecin et un dentiste à demeure. Elle va même leur offrir des vacances, bien avant la loi sur les congés payés.
Lien: Madeleine Vionnet (wiki)
Né Roman Petrovitch Tyrtov à Saint-Pétersbourg, dans une grande famille dont les racines remontent à 1548, il dessine à 5 ans son premier costume, influencé par sa mère « à l’élégance raffinée » qui l’a inspiré plus tard dans ses images de femmes « fatales et sinueuses ». Il est également fasciné par les revues de mode russes et parisiennes que sa mère regardait. Son père, l’amiral Pyotr Ivanovitch Tyrtov, attendait de son fils qu’il perpétue la tradition familiale en devenant officier dans la marine. Il suit d’abord des études à l’Académie de Saint-Pétersbourg et dans l’atelier d’Ilja Iefimovitch Repine (en 1906). Il prend les pseudonymes de Pitch et Tir et publie des croquis de mode dans la revue Damskij mir.
En 1907, à l’âge de quinze ans, il vient à Paris et fait quelques essais artistiques pour les maîtres en place, sous le pseudonyme. Il réalise également une sculpture en bronze argenté, la Demoiselle à la balancelle, de style Art nouveau, laquelle est tirée à dix exemplaires. Il s’installe à Paris en 1910 puis à Boulogne-sur-Seine. En 1911, il suit des cours à l’Académie Julian tout en réalisant des dessins de mode. Il dira de cette année passée à Paris «I did not discover Beardsley until when I had already been in Paris for a year». En 1912, Romain de Tirtoff obtient d’être envoyé à Paris pour apprendre le métier de designer. Il adopte un pseudonyme « Erté » (RT, ses initiales) pour ne pas «déshonorer» sa famille. Sa carrière est lancée. Il conçoit ses premiers décors pour la présentation de robes de bal de type oriental pour le grand couturier Paul Poiret, puis les décors pour la pièce Le Minaret en 1913 pour le directeur de théâtre Jacques Richepin. Il dessine également à l’encre de Chine pour la Gazette du Bon Ton. Dès 1915, il obtient son premier contrat important, qui durera vingt-deux ans, avec le magazine Harper’s Bazaar puis mena à bien une brillante carrière de conception de costumes et de décors de théâtre.
Erté est surtout connu pour ses élégants dessins de mode qui reflètent la période Art Déco dans laquelle il vivait, le plus connu étant sans doute Symphonie en noir qui représente une grande femme élancée vêtue de noir et tenant en laisse un lévrier noir. Ses personnages délicats et sophistiqués, ses dessins séduisants se reconnaissent tout de suite à leurs courbes géométriques et ses idées comme son art ont influencé la mode jusqu’au xxie siècle. Il travaille pour Harper’s Bazar à partir de 1915 jusqu’à en devenir un symbole de ce magazine, mais également pour Vogue. Ruiné lors de la crise de 1929, il réduit ses prétentions. En conflit avec la rédactrice en chef Carmel Snow, son contrat avec Harper’s Bazaars’arrête. Il est remplacé au sein du magazine par Cassandre.
Erté réalise ses premiers costumes de scène pour le théâtre de la Renaissance à Paris et pour la danseuse Mata Hari. On retrouve ses costumes et décors dans les Ziegfeld Follies de 1923. En 1925, Louis B. Mayer l’emmène à Hollywood pour concevoir les décors et les costumes du film Paris de Edmund Goulding. Toujours pour la Metro-Goldwyn-Mayer, il collabore à Ben-Hur, La Sorcière, Le Grand Destructeur (Time, the Comedian) et Dance Madness de Robert Z. Leonard et La Bohème de King Vidor.
Dans les années 1930, il dessine les costumes pour plusieurs spectacles des Folies Bergère et les George White’s Scandals à New York. Lors des enchères de costumes de l’ancien music-hall des Folies Bergère, organisées à Paris en juin 2012, les sérigraphies d’Erté (série de 26 lithographies des lettres de l’alphabet et chiffres figurés par des corps de femmes) ont été adjugées 25 000 €.
Erté a travaillé toute sa vie pour des revues, des ballets et des opéras mais sa carrière s’est quelque peu arrêtée avec la Seconde Guerre mondiale. Il a également décoré des lofts et restaurants, comme celui du Folie’s Pigalle ou du Raspoutine. Erté devient sculpteur en 1960 en réalisant notamment des œuvres fantastiques et abstraites en aluminium, en fer, en cuivre et en bois, peints de couleurs vives. Il expose en 1964 à la galerie Ror Volkmar à Paris. En 1967, le sociologue américain Eric Estorick (1913-1993), devenu marchand d’art londonien, relance sa carrière, cette fois ci en tant que peintre à la gouache. La renaissance de l’Art Déco lui font connaître un très vif succès au cours d’expositions à Londres et à New York. En 1980, il réalise des sculptures en bronze patinées avec de la couleur. Il crée aussi des bijoux et des objets d’art. Surnommé le « père des Arts déco », il a exercé une grande influence sur le style et le design du xxe siècle. L’influence exercée par Erté sur le style et la demande pour cet art subsiste. Il s’est aussi dirigé dans les gravures à édition limitée, les sculptures en bronze et le prêt à porter. Plusieurs de ses peintures figurent dans des musées du monde entier dont le musée 1999 à Tokyo qui possède une importante collection de ses œuvres, le Metropolitan Museum of Art de New York, le Musée d’art du comté de Los Angeles, la Smithsonian Institution a Washington et le Victoria and Albert Museum à Londres. Il meurt le 21 avril 1990 à Paris et est enterré au cimetière de l’avenue Pierre-Grenier à Boulogne-Billancourt.
Lien: Erté (wiki)
Gabrielle Chanel, dite « Coco Chanel », née en 1883 a Saumur et morte le 10 janvier 1971, a Paris, est une créatrice de mode, modiste et grande couturière française célèbre pour ses créations de haute couture, ainsi que les parfums portant son nom. Elle est a l’origine de la Maison Chanel, «symbole de l’élégance française». Certains choix de vie de Chanel sont a l’origine de controverses, en particulier son comportement pendant l’Occupation allemande.
Très peu d’éléments sont connus sur l’enfance de Chanel, sur laquelle elle ne dira rien, si ce n’est qu’elle s’est murée dans la solitude et ne s’est pas sentie aimée par son père aigri, qui reprochait a son épouse chétive et ses enfants de l’avoir empêché de mener la vie de succès dont il rêvait. Cela n’empêche pas Gabrielle de vouer une véritable adoration a ce père bourru, volage et souvent absent. a l’orphelinat où elle a été placée vers 1895, elle apprend la couture et mène une vie austère et rigoureuse pendant six années qui marqueront profondément le style de la future styliste. Elle se serait inspirée du lieu pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses (a l’instar de l’architecture sobre et géométrique de l’abbaye ou des vêtements qu’elle portait, col blanc, lavallière et jupe sombre), aux couleurs neutres (noir et blanc comme les uniformes des sœurs et des pensionnaires dont la robe de bure leur permet de se mouvoir a l’envie; beige comme les couleurs des murs) ou pour former son logo (voir les pavements anciens des sols et les C entrelacés des vitraux de l’abbatiale).
N’aspirant pas au noviciat, a 18 ans Chanel est confiée aux dames chanoinesses de l’Institut Notre-Dame de Moulins, où elle se perfectionne dans le métier de couseuse. Elle retrouve dans cette pension de jeunes filles sa tante Adrienne, qui a presque le même âge et, surtout, la même ambition de sortir de sa condition. En 1903, aptes a manier le fil et l’aiguille, les dames chanoinesses les placent en qualité de couseuses a la Maison Grampayre, atelier de couture spécialisé en trousseaux et layettes.
Vers 1907-1908, très courtisée, Chanel ne veut pas partager le sort anonyme des «cousettes», et recherche un avenir meilleur. Lors d’un voyage a Vichy chez son oncle, elle se met a poser sur la scène du beuglant de La Rotonde a Moulins, un café-concert où elle fait ses premières apparitions, silencieuses. La Rotonde est notamment fréquentée par les officiers du 10e régiment de chasseurs a cheval stationné dans la capitale bourbonnaise. Aujourd’hui y est installé le Centre national de costume de scène.
A l’âge de vingt-cinq ans et nulle part où aller. Sa première révolution vestimentaire, elle l’invente avec les tenues équestres qu’elle porte a cheval, non pas en robe amazone mais en jodhpurs19 de peau, cravate et bandeau dans les cheveux.
Gabrielle Chanel ne reste cependant pas inactive. Mettant a profit les rudiments, enseignés a Moulins, du maniement du fil et de l’aiguille et de l’initiation prodiguée par Lucienne Rabaté, célèbre modiste du moment, elle se confectionne de petits chapeaux originaux qu’elle pose très bas sur son front. Pour assister aux mondaines courses de chevaux, elle n’arbore pas les robes des grands couturiers mais ses propres réalisations. Jeune femme charmante mais au style décalé, tantôt écolière en tenue sage noire et blanche, tantôt garçonne n’hésitant pas a porter polo, cardigan, jodhpurs et pantalons, elle invente déja un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque. En 1909, sur les conseils de Boy Capel, son artisanat débute boulevard Malesherbes, dans la garçonnière parisienne de son protecteur Étienne Balsan. Les chapeaux qu’elle propose a ses clientes sont des déclinaisons de ceux qu’elle fabrique pour elle-même et qui, au château de Royallieu, près de Compiègne, ont séduit ses amies, des demi-mondaines qui fréquentaient le lieu. Balsan ne croit pas a un succès commercial. N’ayant pas de formation technique, ni d’outils de fabrication, dans un premier temps Chanel achète ses formes de chapeaux dans les grands magasins puis les garnit elle-même, avant de les revendre. La nouveauté et l’élégance de son style font que, très vite, elle doit faire appel a sa cousine Adrienne et a sa sœur Antoinette pour la seconder. Ses créations de chapeaux, débarrassées des grandes plumes d’autruches ou autres froufrous volumineux, commencent a être appréciées pour leur simplicité et leur sophistication.
Devenue la compagne de Boy Capel, Coco Chanel développe ses activités grâce a son aide. En 1910, son amant britannique lui prête les fonds nécessaires a l’achat d’une patente et a l’ouverture d’un salon de modiste au 21 rue Cambon a Paris, sous le nom de «CHANEL MODES». a l’été 1913, alors que le couple séjourne a Deauville, Boy Capel loue une boutique entre le casino et l’hôtel Normandy. Comme a Paris, elle est modiste mais l’enseigne est changée en mentionnant son nom complet: «GABRIELLE CHANEL» ; la boutique connaît un succès certain. En 1915 a Biarritz, elle ouvre sa troisième boutique et première vraie maison de couture. Suivant son inspiration, elle raccourcit les jupes et supprime la taille. a l’instar de Paul Poiret qui supprima le corset en 1906, elle veut libérer le corps de la femme21. Ses boutiques bénéficient de la clientèle de la société fortunée qui s’est repliée pendant la guerre dans ces deux stations balnéaires.
Dès 1915, l’étoffe manquant, elle taille des robes de sport a partir des maillots de garçons-d’écurie en jersey, ces tricots de corps pour les soldats, qu’elle a depuis longtemps adoptés. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel annonce cette «silhouette neuve» qui lui vaudra sa réputation. Pour s’y conformer, les femmes s’efforcent d’être «maigres comme Coco», qui devient une des premières femmes aux cheveux courts a créer des vêtements simples et pratiques, s’inspirant d’une vie dynamique et sportive et jouant avec les codes féminins/masculins22. En 1916, elle utilise Adrienne comme mannequin a Deauville, qui est alors un lieu de villégiature a la mode. Elle-même s’y promène, testant ainsi sous les yeux d’aristocrates européennes, couvertes d’apparat et maintenues dans des corsets rigides, ses nouvelles tenues qui contrastent par leur simplicité et leur confort. La pénurie de tissus due a la Première Guerre mondiale, ainsi que le manque relatif de main-d’œuvre domestique ont créé de nouveaux besoins pour les femmes de ce milieu, et Chanel perçoit ces besoins. Elle achète a Rodier des pièces entières d’un jersey utilisé a l’époque uniquement pour les sous-vêtements masculins, et lance la marinière. En 1918, immédiatement après la guerre, elle commence a édifier peu a peu l’une des maisons de couture les plus importantes de l’époque, qui emploie plus de 300 ouvrières, et rembourse enfin Boy Capel, refusant le statut de femme entretenue.
Après avoir habité sur les hauteurs de Garches une villa au « crépi beige et aux volets noirs », couleurs qui auraient scandalisé ses voisins et qui devinrent ses couleurs fétiches en décoration, elle déménage et se rapproche de la rue Cambon. Chanel loue vers 1919 l’immense Hôtel de Rohan-Montbazon, 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré, édifié par Lassurance en 1719 pour la duchesse de Rohan-Montbazon, où elle installe un piano et quelques chaises. Trouvant les boiseries d’un vert passé «couleur pois cassé» — que le bail lui interdit de toucher — elle les fait recouvrir de grandes glaces. Le peintre et décorateur José Maria Sert et Misia, «sa polonaise d’un désordre admirable», l’aident a meubler et décorer les pièces dans un genre baroque qu’elle adopta dans ses résidences successives : miroirs, paravents en laque de Coromandel, canapés en bois doré, lampes faites de boules inégales de cristal de Bohême, lustres a pampilles, potiches chinoises, reliures anciennes, girandoles et torses antiques sur les cheminées. Misia Sert et Picasso y eurent leur chambre, Stravinski composa sur le piano du salon les danses andalouses Cuadro flamenco, et Diaghilev faisait répéter Garrotin, une naine danseuse venue de Séville, dans la salle a manger. Dès 1921 a Paris, a côté de la luxueuse place Vendôme, Coco Chanel annexe en quelques années les numéros 27, 29 et enfin 31 de la rue Cambon. Une adresse où se trouve aujourd’hui encore la célèbre maison de couture qui porte son nom. Elle dispose en outre de ses propres fabriques de tissus en Normandie et s’associe avec les propriétaires de la marque Bourjois — les frères Wertheimer — afin de diffuser commercialement ses parfums. Ses liaisons masculines lui donnent souvent des motifs d’inspiration, c’est ainsi qu’elle crée des robes a motifs slaves lorsqu’elle a une liaison amoureuse avec le Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie, cousin du dernier tsar de Russie en exil qui lui aurait inspiré la forme du flacon de son célèbre N° 5 (flasque de vodka des troupes russes). Elle est aussi la maîtresse du poète Pierre Reverdy, qui édite des aphorismes et citations de la couturière, avant que celui-ci de plus en plus mystique ne se retire a l’abbaye de Solesmes. Son amant Paul Iribe travaille pour elle en tant que créateur de meubles tandis que son ami François Hugo (arrière-petit-fils de Victor Hugo) lui dessine des faux bijoux (notamment des boutons en métal).
Elle héberge Igor Stravinski et les siens pendant deux ans a Garches. Plus tard, elle emprunte a son nouvel amant, le duc de Westminster, réputé l’homme le plus riche d’Angleterre, des éléments de costume masculin, comme le chandail, la pelisse, le béret de marin ou la veste en tweed. Elle les adapte ensuite a la panoplie vestimentaire féminine, qu’elle souhaite moderne et dynamique, alliant le confort a l’élégance. Elle est l’une des premières a lancer la mode des cheveux courts, et s’oppose résolument a la sophistication prônée par Paul Poiret (qui accusait Chanel de transformer les femmes en «petites télégraphistes sous-alimentées»). D’après la mini-série Coco Chanel, elle aurait répliqué en disant qu’elle ne voulait pas de femmes ayant l’air d’«esclaves échappées de leur harem», en se référant a la mode orientaliste de l’époque. Chanel privilégie une simplicité très étudiée, des tenues pratiques, comme le pyjama, a porter sur la plage comme en soirée ; les premiers pantalons, la jupe plissée courte, le tailleur orné de poches. Une mode qui s’inspire du vêtement de sport des lieux balnéaires (golf, tennis, plage, nautisme). Elle propose des cardigans en maille jersey sur des jupes courtes, le tout surmonté d’un chapeau cloche. De même les robes de soirée taille basse s’arrêtant au-dessus du genou, que l’on peut associer aux danses charleston populaires entre 1925 et 1935. En 1926, la célèbre petite robe noire (couleur jusqu’alors exclusivement réservée au deuil), fourreau droit sans col a manches 3/4, tube noir en crêpe de Chine, correspondent parfaitement a la mode « garçonne »effaçant les formes du corps féminin. Maintes fois copiée, cette « Ford signée Chanel » faisant référence à la populaire voiture américaine, ainsi que devait la qualifier le magazine Vogue, deviendra un classique de la garde-robe féminine des années 1920 et 30.
Récusant le qualificatif de «genre pauvre» souvent accolé a ses créations, Chanel veut distinguer la sobriété du dépouillement: si la toilette féminine doit être simple, elle doit en revanche être agrémentée d’accessoires. Chanel recourt, par exemple, a de faux bijoux mêlant pierres semi-précieuses, strass et fausses perles, ainsi qu’a des bracelets ornés d’un motif «croix de Malte», ou encore a des broches d’inspiration byzantine ou a motifs d’animaux, de fleurs ou de coquillages. Étienne de Beaumont, Paul Iribe et surtout, entre 1929 et 1937, Fulco di Verdura, ont donné a ces faux bijoux une identité reconnaissable. En 1927, Gabrielle Chanel fait construire a Roquebrune-Cap-Martin une maison appelée La Pausa. Elle demande a l’architecte Robert Streitz de la dessiner en intégrant quelques éléments, l’escalier et le cloître, rappelant son enfance a l’orphelinat d’Aubazine. Elle la meuble essentiellement de mobilier anglais et espagnol du xvie et xviie siècles. Elle y accueille le duc de Westminster, Jean Cocteau, Pierre Reverdy, Paul Iribe, Salvador Dalí, Luchino Visconti; une partie de la maison a été recréée au Dallas Museum of Art lors de la donation de la collection Reves. Son mobilier est désormais conservé au Dallas Museum of Art. Misia Sert, rencontrée en 1919 chez son amie Cécile Sorel, sera la meilleure amie de Chanel pendant l’entre-deux-guerres. Misia tenait un salon où elle recevait l’élite culturelle et artistique de Paris; elle a introduit Chanel dans ce milieu.
Égérie de nombreux peintres et musiciens du début du xxe siècle (Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Odilon Redon et Auguste Renoir), Misia Sert se fait connaître dans le milieu artistique parisien par ses talents de pianiste (elle était élève de Fauré) et par sa beauté. Elle fréquente Stéphane Mallarmé et Marcel Proust, puis Erik Satie, Colette, elle se lie avec Serge Diaghilev, Picasso, Cocteau et Serge Lifar et avec le secrétaire général du Quai d’Orsay Philippe Berthelot29. Les journalistes la surnomment la «Reine de Paris». La proximité de Chanel avec les artistes a été constante. En 1924, elle réalise les costumes du Train Bleu, ballet de Bronislava Nijinska sur un livret de Cocteau et une partition de Darius Milhaud, créé par les Ballets russes de Serge Diaghilev. Elle était une personnalité du Tout-Paris, amie de Cocteau, pour lequel elle créera des costumes de scène : Œdipe roi (1937) et Antigone (1943). Elle soutint financièrement Serge Diaghilev dans le besoin et régla ses funérailles a l’île San Michele de Venise. Jeanne Toussaint est sa fidèle amie qui a toujours été la quand elle avait besoin. Elle réalise également des costumes pour le cinéma, notamment, en 1939, pour La Règle du jeu de Jean Renoir. On lui prête, en suivant Misia Sert, une liaison amoureuse avec le poète Pierre Reverdy a la fin des années 1930. Parallèlement, Chanel est la première couturière a lancer ses propres parfums. Avec l’aide de son parfumeur Ernest Beaux qui conçoit : N° 5 (1921), qui connaîtra une célébrité mondiale, mais aussi No22 (1922), Gardénia (1925), Bois des Îles (1926) et Cuir de Russie (1926). Pour diffuser internationalement son produit, Chanel fait appel a l’expérience commerciale des frères Pierre et Paul Wertheimer qui dès 1924 possèdent 70 % des parfums Chanel. Leurs descendants Alain et Gérard Wertheimer possèdent l’intégralité de la maison Chanel aujourd’hui. De 1927 a 1944, Chanel séjourne régulièrement au château de Corbère-Abères dans le Béarn pour poursuivre son travail a l’aide de ses cousettes. Elle s’adaptera aux mutations des années 1930, au cours desquelles elle devra affronter a la fois les revendications sociales de ses ouvrières et l’étoile montante de la Haute Couture parisienne qu’était Elsa Schiaparelli. Privilégiant alors une silhouette plus épurée, Chanel présente notamment des robes du soir légères et transparentes en mousseline de soie, en tulle ou en laize de dentelle, le plus souvent dans des couleurs faussement neutres (blanc, noir ou beige), parfois brodées de perles ou de strass. Comportant une combinaison cousue a l’intérieur, la coupe très simple de ces robes permet a la femme du monde de s’habiller sans l’assistance d’une domestique. Un peu plus tard, elle crée les premières robes a balconnet, puis en 1937, le style «gitane». Chanel ne se déplaçait jamais sans ses perles, et avait un goût très prononcé pour les bijoux. Dès 1924, elle ouvre un atelier de bijoux fantaisie. Étienne de Beaumont puis le duc Fulco de Verdura contribuent au développement des bijoux de la maison.
Mais c’est en 1932 que Gabrielle Chanel défraie a nouveau la chronique. a la demande de la Guilde internationale du diamant, Chanel crée «Bijoux de Diamants», sa première collection de haute joaillerie. Les diamants sont montés sur platine, une extravagance après le krach de 1929.
En 1939, elle était alors a la tête d’une entreprise de 4 000 ouvrières qui fournissaient 28 000 commandes par an.
Avec les événements de mai 1968, la vague hippie change la donne de la mode. Chanel affirmait que les modes n’étaient bonnes que lorsqu’elles descendaient dans la rue, et pas quand elles en venaient. Chanel devient tyrannique, s’enferme dans son monde fait d’essayages, de défilés, de mannequins et de courtisanes. Edmonde Charles-Rouxécrit: «Jamais Chanel n’aima avouer que son art de vivre était fait de recettes empruntées a Sert. La violence qu’elle apportait a le nier la dénonçait. a 80 ans passés, l’âge où sa rage d’imposture s’était développée jusqu’au délire.». Sèche et acariâtre, elle est très seule, accompagnée dans ses dernières années parfois par Jacques Chazot et surtout par sa confidente de longue date, Lilou Marquand. Elle déteste la jeunesse en minijupe ou en blue-jean, crache sur le féminisme45. Elle souffre de blessures intimes jamais cicatrisées que masque mal sa réputation de « femme de fer » ne montrant pas son désespoir. Aimée de Heeren était une amie fidèle, avec laquelle elle partageait de bons souvenirs du duc Hugh Grosvenor46. Le 10 janvier 1971, a l’âge de 87 ans, elle meurt de vieillesse dans sa suite de l’hôtel Ritz a Paris. Elle est enterrée au cimetière du Bois-de-Vaux, section 9, a Lausanne en Suisse, dans une tombe qu’elle a elle-même dessinée, réalisée par Jacques Labrunie.
C’est Coco Chanel qui lança la mode des peaux bronzées, après un bronzage accidentel lors de ses vacances en mer du Nord, alors qu’avant les peaux claires étaient a la mode. a la fin de sa vie, elle reviendra sur cette mode en insistant sur l’aspect dangereux de trop fortes expositions au soleil. Ses intimes la surnommaient «Mademoiselle». De 1955 a sa mort, elle se rendait a son travail presque quotidiennement vêtue d’un imperméable attaché a la taille qu’elle nommait «caoutchouc».
Lien: Coco Chanel (wiki)
Lanvin est une maison de couture parisienne créée en 1889 par Jeanne Lanvin.
Mademoiselle Jeanne Lanvin débute comme modiste en 1885. Dès 1889, elle ouvre une boutique « Lanvin (Melle Jeanne) Modes » au 16 rue Boissy d’Anglas, avant d’obtenir son pas de porte en 1893 au 22 rue du Faubourg Saint-Honoré. En 1897, sa fille unique, Marguerite, naît et devient sa première source d’inspiration, sa muse… La modiste entrevoit soudain un nouvel horizon en 1908 : le vêtement d’enfant. Elle crée, l’année suivante, un département jeune fille et femme. Jeanne Lanvin adhère alors au Syndicat de la couture et entre dans le monde très fermé des « Maisons de couture ». Suivent les départements mariée, lingerie, fourrure et dès le début des années 1920, ouvrent les départements décoration et sport… En 1926, la femme d’affaires part a l’assaut de la mode masculine. Elle ouvre aussi des succursales a Deauville, Biarritz, Barcelone, Buenos-Aires, Cannes, Le Touquet… Le bleu Quattrocento ravi a Fra Angelico devient sa couleur fétiche… Pour célébrer les trente ans de sa fille, elle compose Arpège en 1927, le plus grand des parfums Lanvin. Le logo de la maison dessiné par Paul Iribe, représentant la couturière et Marguerite, est apposé sur le flacon boule réalisé par Armand Albert Rateau. C’est ce même logo qui continue d’accompagner les créations Lanvin aujourd’hui. Carnets de voyages, échantillons de tissus ethniques, bibliothèque d’art, Jeanne Lanvin n’aura de cesse de cultiver sa curiosité pour créer ses tissus, motifs et couleurs exclusifs. Jeanne Lanvin, c’est l’art de la matière et de la transparence, des broderies, surpiqûres, entrecroisés, spirales, découpes : la virtuosité du savoir-faire. C’est un parfait classicisme a la française avec des robes de style très XVIIIe – buste affiné, taille basse, jupe gonflée – dialoguant avec la ligne «tube» de l’Art Déco, ses géométries en noir et blanc, ses profusions de rubans, cristaux, perles, fils de soie… Travail, intuition, compréhension du monde moderne, le succès de cette femme discrète au destin exceptionnel est au rendez-vous. Alber Elbaz et le Palais Galliera vous invitent a rencontrer cette grande dame de la couture: Jeanne Lanvin.
Jeanne Lanvin est très proche du monde de l’Art et des Arts décoratifs. Cela se ressent dans ses créations, notamment par le choix des couleurs et des motifs de ses toilettes. Sa couleur fétiche, que l’on appelle le «bleu Lanvin», aurait été inspirée par les fresques du peintre italien Fra Angelico que l’on peut admirer au Louvre (Le couronnement de la Vierge). Soucieuse de disposer de couleurs uniques, elle ouvre en 1923 des ateliers de teinture où on conçoit, entre autres, le «rose Polignac» créé pour sa fille et le «vert Vélasquez». Cependant, malgré l’exclusivité sur les couleurs que lui confère cette initiative, Jeanne Lanvin se refuse toujours de parler d’un «style Lanvin». Elle n’a jamais voulu définir un genre qui l’aurait poussé a refaire éternellement la même chose. Madame Lanvin est une femme influencée par le monde qui l’entoure et cherche avant tout une certaine modernité dans ses vêtements. Ses choix esthétiques sont, il est vrai, reconnaissables parmi tous et définissent une beauté attachée a la féminité, mais ils se réinventent a chaque saison. Les broderies (particulièrement ethniques) et les finitions Lanvin ont été et sont toujours réputées auprès de sa clientèle et des autres maisons de couture, ce qui a profité a sa renommée.
En octobre 1921 commence une étroite collaboration entre Madame Lanvin et Armand Albert Rateau, un jeune artisan d’Art. Cette toute nouvelle entreprise créée sous le nom de «Lanvin-Décoration» propulse la carrière de ce dernier au niveau international, grâce a l’image de qualité que renvoie l’esprit de la maison Lanvin. Rateau a fait ses armes a l’École Boulle, célèbre établissement parisien qui donne un enseignement professionnel de l’industrie du meuble, puis il est entré en tant qu’apprenti aux côtés de Georges Hoentschel, un artiste décorateur très reconnu. Autant dire que le monde de la haute couture et celui de la décoration d’intérieur s’associent pour le meilleur. Et en effet, Jeanne Lanvin lui confie la décoration de son Hôtel particulier (hôtel Arconati-Visconti, rue Barbet-de-Jouy) aujourd’hui démoli, où il peut exercer son style sans commune mesure. Cependant, il ne reste plus que la salle de bain, la chambre et le boudoir qui sont conservés au musée des arts décoratifs de Paris.
«Lanvin-Décoration» apporte la jeunesse et la fraîcheur fidèles au style de sa créatrice, pour « habiller » les appartements d’une clientèle a la recherche d’une qualité irréprochable. Le but étant de proposer une large gamme de meubles, de lustres et de tentures qui ne nécessite pas la transformation irrémédiable des pièces: Rateau a pour mission d’ «habiller» les pièces sans les toucher, a l’image du corps de la femme. C’est aussi dans le théâtre que cette entreprise peut démontrer son incroyable imagination couplée a une technique d’exception; Jeanne Lanvin crée beaucoup pour le théâtre en habillant les plus grandes comédiennes du moment a la ville comme a la scène. Le théâtre Daunou, appartenant a la grande Jane Renouardt (1890-1972) et Jacques Maxime Wittouck (1882-1987), est inauguré le 30 décembre 1921 où on remarque la plaque posée a l’entrée du théâtre: «la décoration intérieure a été inventée et exécutée par Lanvin-Décoration Paris» qui prévoit déja un décor a base de blanc cassé et d’ornements de feuillages et de miniatures persanes dorés a la feuille d’or. Dès lors, le théâtre Daunou est un lieu mythique représentant les années les plus fructueuses de l’Art Déco.
Liens: Lanvin (wiki) Jeanne Lanvin
George Barbier (né a Nantes, le 16 octobre 1882 et mort a Paris, le 16 mars 1932) est un peintre, dessinateur de mode et illustrateur français. Il signe également sous le pseudonyme de Edward W. Larry. Georges Barbier est né dans la rue Contrescarpe a Nantes, le 16 octobre 1882.
Élève de Jean-Paul Laurens a l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris il expose au Salon des humoristes de 1910 sous le nom d’Édouard William Larry, puis l’année suivante, a la galerie Boutet de Monvel. De 1912 jusqu’a sa mort, il figure régulièrement au Salon des artistes décorateurs. Il travaille pour des journaux satiriques tels que Le Rire ou La Baïonnette puis pour des revues de mode : associé a Tommasso Antongini, il reprit le titre du Journal des dames et des modes (1797-1839), qu’il relança en juin 1912 et qui prit fin en août 1914, la Gazette du Bon Ton, a laquelle il livre non seulement des illustrations de mode mais aussi des textes, Modes et manières d’aujourd’hui, Les Feuillets d’art, Femina, Vogue France, Comœdia illustré. Il réalise l’ex-libris de Jacques de Nouvion, directeur de cette dernière revue.
Il crée de nombreux décors et costumes pour le music-hall, le théâtre ou le cinéma. On lui doit les costumes de Rudolph Valentino dans le film Monsieur Beaucaire(1924).
Il illustre des catalogues publicitaires et de nombreux livres, notamment ceux de Baudelaire, Théophile Gautier, Pierre Louÿs, Alfred de Musset, Verlaine. Son chef-d’œuvre est Falbalas et fanfreluches. Almanach des modes présentes passées et futures en cinq volumes, publié entre 1922 et 1925.
L’influence des vases grecs, des miniatures indiennes, d’Aubrey Beardsley et de Léon Bakst marqua profondément son style précis et élégant, typique de la facture Art Déco.
George Barbier est mort a Paris en 1932. Il est enterré au cimetière Miséricorde a Nantes
Lien: George Barbier (wiki)
Largement représenté par le mobilier, les luminaires, les objets d’art et de la décoration intérieure, l’Art Déco a aussi marqué l’architecture, la peinture, la sculpture et les arts appliqués. A l’Art Nouveau avec ses formes ondulantes, détaillées inspirées de la nature succède l’Art Déco qui se tourne vers des formes épurées et géométriques.
PEINTURE
Vers la fin des deux premières décennies du XXème siècle les jeunes artistes recherchent l’ordre, la discipline. Avec le peintre Roger Bissière ils expriment en 1920 leurs recherches « d’un art équilibré, clair, harmonieux, marqué par des caractères essentiels et permanents ». « Le cubisme n’offre plus assez de nouveauté et de surprise pour servir encore de nourriture à une nouvelle génération »… écrit Blaise Cendras. Le retour à l’ordre est à la mode. Les recherches nouvelles aussi.
Une esthétique en vogue entre 1909 et 1939 où l’orientalisme exubérant des débuts cède la place à l’éclectisme de l’Ecole de Paris. Les œuvres emblématiques de la période 1920-1930 des artistes peintres tels Picasso, Braque, Fernand Leger, Matisse, Derain, Erté, Juan Gris, Max Ernst, Miro, Henri Laurence, Gabo et son frère Pevsner, Tamara de Lempicka, Jean Dupas, Boutet de Monvel viendront constituer le nouveau style délaissant la fragmentation cubiste. La courbe, encore très présente aux débuts de ce mouvement disparaît progressivement au profit de l’angle droit, notamment avec le courant De Stijl, un mouvement artistique issu du néoplasticisme et ayant profondément influencé l’architecture du XXe siècle.
FIGURINES
En France, à l’époque 1930-1930 nombreux furent les artistes qui développèrent le style Art Déco dans le domaine de la sculpture et des figurines, aujourd’hui si précieux sur le marché. Il y a deux catégories d’artistes : les traditionalistes qui privilégient une production décorative soignée figurative et les avant-gardistes inspirés par la déformation géométrique du cubisme.
Thème récurrent du premier : la femme. Qu’elle soit dans des poses lascives ou élégante dansant, jouant au tennis ou se délectant d’une cigarette, la femme aux justes proportions reste au cœur des inspirations. Les pièces les plus recherchées sont les bronzes finement patinés ou avec des incrustations d’ivoire.
Le parisien d’origine roumaine, Dimitri Chiparus s’affirme comme le leader de la sculpture chryséléphantine, qui associe l’or et l’ivoire à différents alliages métalliques. D’autres artistes ont produit des sujets bruts (sans patines) ou avec des inclusions d’ivoirine, bien moins valorisées.
Une deuxième tendance découle directement du cubisme et de l’africanisme. Ses représentants majeurs sont Gustave Miklos, avec ses colonnes en bois et ses totems non figuratifs, Joseph Csaky, avec ses têtes cubistes, ou encore Jean Lambert-Rucki.
Les figurines très à la mode sculptées par Paul Jouve, René Lalique, Édouard Marcel Sandoz, Jean Dunand, John Bradley Storrs et Jacques Lipchitz, Jean Lambert-Rucki, Max le Verrier, Pierre Le Faguays, Van de Voorde, Enrique Molin, Samuel Lipchytz, Bouraine, Meriadec, Janle, Irenée Rochard, ou encore la maison Robj qui existe dès 1908, date à laquelle l’entrepreneur Jean Born lui donne un nom sous forme d’anagramme, sont des pièces parfois adjugées aujourd’hui plus de 100 000 euros.
ARCHITECTURE
L’architecture française de la période entre deux guerres a été largement présentée par des œuvres de Le Corbusier (Charles Edouard Jeanneret-Gris), Tony Garnier, Auguste Bluysen et un architecte mondialement connu Charles Siclis. Dans les autres pays se sont des Américains Raymond Hood, William van Alen, Wirt C. Rowland, Ely Jacques Kahn et Ralph Thomas Walker, un Anglais Joseph Sunlight, un Canadien Ernest Cormier et un Philippin Pablo Antonio qui construisent les fameuses gratte-ciels new-yorkaises et d’autres monuments historiques.
Plusieurs bâtiments de Paris et de sa proche banlieue, tel Théâtre des Champs Elysées, Hôtel du Collectionneur, Palais de Caillot, Piscine de la Buttes-aux-Cailles, Palais de la Porte dorée, Grand Rex, Salle Pleyel, Samaritaine, Musée Landowsky et l’Hôtel de ville à Boulogne-Billancourt ou encore Hôpital de Neuilly, Studio Saint-James de Jacques Doucet et cinéma-théâtre Le Village à Neuilly-sur-Seine témoignent le mouvement important architectural d’Art Déco.
L’Opéra de Reims dont l’intérieur a reçu une décoration Art Déco inspirée du Théâtre des Champs-Élysées parisien et le Musée français de la brasserie de Saint-Nicolas-de-Port à côté de Nancy sont aussi des beaux exemples de l’architecture industrielle Art Déco. A Lyon, Tony Garnier avait construit le stade Gerland, la grande halle mais aussi l’hôpital Edouard-Herriot et le quartier des Etats-Unis.
Certaines galeries d’art françaises sont spécialisées Art Déco. Dans notre rubrique LIENS vous trouverez quelques exemples.
Le mélange de couleurs rutilantes, le faste oriental des spectacles de Diaghilev, l’orientalisme avait fait déferler les couleurs vives et contrastés sur la scène des Ballets Russes, les mouvements par des éléments machinistes « abstractisés » dont les formes monumentales construisent l’espace des Ballets Suédois, les créations théâtrales de l’époque marquées par l’Art Déco sont trop excessives.
Cette évolution est caractéristique des mutations de l’art et du goût, mais les artistes se préoccupent beaucoup moins des contraintes de la danse, et l’influence de mondains comme Jean Cocteau, papillonneur de l’époque, du comte Etienne de Beaumont, de Misia Sert ou de Gabriel Chanel, inclinent les nouveaux décorateurs des ballets à des facilités qui leur ôtent l’agressivité des débuts.
Depuis cent ans plusieurs ballets ont été créés en utilisant Art Déco comme décors. Les chefs d’œuvres les plus connus ont laissé des traces dans l’histoire de la danse. Certains viennent de rentrer dans le répertoire des compagnies de ballet. Nous espérons que le nouveau ballet JAZZ KIDS trouvera aussi sa place parmi des œuvres chorégraphiques de cette ligne.
Voici quelques exemples des ballets.
Les Ballets Suédois est une compagnie d’avant-garde fondés par Rolf de Maré en 1920 à Paris. Un peu éclipsée par les Ballets Russes, Les Ballets Suédois ont rivalisé d’audace et de modernisme avec la fameuse troupe de Diaghilev et ont remporté malgré tout un grand succès, tant sur le plan chorégraphique que sur celui de la fusion des arts, comme le prouvent les 26 œuvres entre 1920 et 1925. Tous les ballets sont créés par Jean Börlin, le seul et unique chorégraphe de la compagnie. Élève préféré de Michel Fokine, il a su transgresser sa formation classique pour inventer un vocabulaire chorégraphique plus libre, expérimentant de nouveaux modes d’expression artistique.
Les Ballets Suédois faisaient appel à des compositeurs et des peintres d’avant-garde. Ils réunissent autour d’eux les plus grands créateurs de leur époque : les compositeurs Claude Debussy, Darius Milhaud, Isaac Albéniz, Alfredo Casella, Germaine Tailleferre, Erik Satie, Arthur Honegger, Cole Porter, le chef d’orchestre Désiré-Emile Ingelbrecht, les poètes Blaise Cendrars, Paul Claudel, Luigi Pirandello, Jean Cocteau, Ricciotto Canudo, les peintres Fernand Léger, Giorgio De Chirico, Pierre Bonnard, Jean Hugo, Léonard Foujita, Gerald Murphy et Francis Picabia, le cinéaste René Clair.
Ida Rubinstein organisa une saison en 1928 où l’on retrouva Bronislava Nijinska et Léonid Massine.
La compagnie donne plus de 2700 représentations lors de cinq saisons de spectacles dans le monde (Europe et États-Unis d’Amérique).
Liens: Ballets suédois Les Ballets Suédois Les Ballets suédois
Cendrillon, ballet version Rudolf Noureev crée en 1986. Musique Serguei Prokofiev, costumes et décors Petrika Ionesco
Le conte de Charles Perrault transposé dans l’univers du cinéma hollywoodien des années 30. La création de Noureev ne fait référence à aucune chorégraphie précédente, mais tout en adaptant le conte, elle reste respectueuse du découpage de la partition et des intentions du compositeur.
Découverte par un producteur de cinéma, la modeste jeune fille échappe à son triste destin, un père alcoolique et une marâtre odieuse, fait ses débuts au cinéma et séduit l’acteur vedette.
Noureev a du bien s’amuser à chorégraphier cette version burlesque sur la musique de Prokofiev. Sa Cendrillon s’inscrirait aujourd’hui à un radio crochet, pour un de ces quarts d’heure de gloire éphémère.
Dans le ballet on retrouve plusieurs thèmes de prédilection de Noureev: le désir de s’évader de la dure réalité, le rêve initiatique, le réel qui rejoint l’imaginaire, l’art comme accomplissement du rêve devenu réalité.
«Lorsque Petrika Ionesco m’a soufflé l’idée d’une Cendrillon hollywoodienne, j’ai commencé par être très réticent: je craignais une déformation abusive du conte de Perrault. Dois-je regretter que cette suggestion se soit insidieusement glissée dans ma tête, au point de ne plus me lâcher? J’ai finalement dit oui, et aussitôt j’ai travaillé à la chorégraphie, en fonction de cette idée.»
L’Age d’Or (en russe Золотой век) est un ballet composé par Dmitri Chostakovitch en 1928, la chorégraphie Vassili Vainonen – le premier acte, de Léonid Jacobson – le deuxième acte, de V.Tshesnokov – le troisième acte. Une version chorégraphiée par Yuri Grigorovitch a été représentée en 1982.
Après un long oubli, le ballet a été de nouveau présenté le 28 octobre 2011, lors du gala de réouverture du Théâtre Bolchoï de Moscou. Libretto a été écrit avec Isaak Glikman. Costumes: Simon Virsaladze L’histoire est très différente. L’action du ballet se passe en Union soviétique dans les années 1920, au restaurant l’ ge d’or où des soviétiques Komsomols et une bande de criminels s’affrontent.
En 2006, le dramaturge Konstantin Uchitel a écrit un nouveau livret pour la même musique. L’action se déroule a notre époque. Un vieil homme et une femme âgée se rappellent leur jeunesse et leur amour. La première a lieu le 28 juin 2006 au Théâtre Mariinsky.
Quand Serge Diaghilev crée les Ballets Russes pour redéfinir l’art du ballet, il introduit des thèmes, décors et costumes exotiques et fait appel à des artistes et musiciens d’avant-garde. Les Ballets Russes jouent un rôle catalyseur dans l’émergence du style Art Déco. L’émancipation des femmes et le libéralisme généralisé qui prévalent dans les années 1920 jouent un rôle fondamental dans le développement du style Art Déco.
Silhouettes néoclassiques aux attitudes stéréotypées ne sont plus à l’ordre du jour.
Les Ballets Russes c’est une bombe d’avant-garde dont le premier scandale fut Le pavillon d’Armide au Châtelet en 1909.
«Mouvement et couleurs font irruption sur la scène française où Diaghilev crée « le théâtre des peintres ». C’est un éblouissement, toute la féérie colorée de l’Orient rutile sous pinceaux de Bakst et de Benois et s’oppose, à la grande surprise de l’avant-garde, de monochromie austère du cubisme.» Pierre Cabanne
Le Train bleu est un ballet en un acte de Bronislava Nijinska, musique de Darius Milhaud, livret de Jean Cocteau, décors d’Henri Laurens, costumes de Coco Chanel. Le rideau de scène est peint d’après un tableau de Pablo Picasso, artiste peintre connu.
Les ballets de Sergei Diaghilev, fondateur des Ballets Russes, sont originaux, imprégnés des œuvres artistiques de Pablo Picasso, Igor Stravinsky, Henri Matisse, Georges Braque, Léon Bakst, Giorgio de Chirico, Jean Cocteau, Joan Miro et Coco Chanel, grands avant-gardistes de l’époque.
En 1924 il produit Le Train Bleu, un ballet combinant l’acrobatie, la satire et de la pantomime. Les personnages réunis dans Le Train Bleu sont des joueurs de tennis, des champions de golf et des baigneurs solaires qui cherchaient des aventures.
Coco Chanel a créé les costumes pour Le Train Bleu, sous la direction artistique de Diaghilev qui s’est confié à Cocteau : « Au lieu de juste faire une allusion et rester de côté des ridicules dans la vie, j’ai accentué et pousserais au-delà. Que cherche-je ? Être plus vrai que vrai. » Chanel na pas conçu des costumes mas avait habillé les danseurs dans les vêtements sportifs de sa collection. Elle n’a pas essayé de voiler la réalité, mais au lieu de cela l’a apportée à la vie.
The Great Gatsby est un ballet de Northern Ballet récemment créé en 2013. Musique de Richard Rodney Bennett, chorégraphie David Nixon. Le roman de Francis Scott Fitzgerald recréé par langue et technique de la danse classique, avec le style de l’époque des «années folles». Version «danse» du roman, chorégraphié par le directeur artistique admirable de Ballet du Nord David Nixon, prouve simplement pourquoi intervertir le roman The Great Gatsby a un autre moyen d’expression est aussi presque impossible que l’écriture d’un roman basé sur LE LAC DES CYGNES.
Liens: The Great Gatsby danceworks.net
Le Fils prodigue est un ballet en 3 tableaux de George Balanchine, musique de Sergueï Prokofiev, livret de Boris Kochno, décors et costumes de Georges Rouault.
Inspirée de la parabole biblique sur un fils désobéissant de l’évangile selon saint Luc, l’œuvre est créée par les Ballets russes de Serge de Diaghilev à Paris le 21 mai 1929 avec, pour interprètes principaux, Serge Lifar et Félia Doubrovskaya.
C’est la dernière création des Ballets russes, avant la disparition de Diaghilev trois mois plus tard.
C’est l’une des rares œuvres narratives de Balanchine. Sur la puissante partition de Serguei Prokofiev et dans les décors et costumes du peintre Georges Rouault, le grand maître Mr B utilise la diversité du vocabulaire pour mettre en scène une œuvre chargée d’émotions.
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